Page 90 - Book-Patrimonia-Belgique
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Avec la fin du XIII ème  siècle débute un terrible conflit, une guerre implacable de plus de 400 ans,
              déchirant Bouvignois et Dinantais.

              Vers 1320, en pleine tourmente, une tour-donjon culminant à 142 m vient renforcer le
              dispositif défensif de la ville car le « Château des Comtes (*) » de par sa position à l'extrême
              pointe sud-ouest, ne peut plus assurer la couverture défensive de l’entièreté de l'agglomération
              qui s’étend de plus en plus vers le Nord. Cela explique toute l'importance stratégique que revêt
              cette nouvelle tour, appelée par la suite « la Forteresse de Crèvecœur ».

              Plusieurs fois assiégée par les armées épiscopales liégeoises (en 1321 et 1430,) Bouvignes ne
              cédera pas. En 1430, Philippe le Bon acheta tout le Comté de Namur et c’est du « Château des
              Comtes (*) » à Bouvignes en 1466 qu’il ordonna la destruction et le pillage de Dinant.

              Peu à peu le château comtal (*), devenant davantage un centre résidentiel, judiciaire et
              administratif, perd son rôle défensif premier au profit de la tour de Crèvecœur, mieux adaptée
              aux exigences de l'artillerie. Il devient la résidence de l’autorité locale, le châtelain ou bailli.

              En 1554, alors que la ville est à son apogée en termes de population et de prospérité, Henri II,
              roi de France en conflit avec Charles Quint, parviendra à entrer et mettre à sac Bouvignes.
              Selon la légende, c'est lors des derniers instants tragiques de ce siège mémorable que trois
              dames participant à la défense de Bouvignes se seraient jetées du haut de la plus haute tour
              pour échapper aux envahisseurs (voir:  La légende …). Ce fait héroïque (ou cette légende ?)
              fait partie du folklore local et est célébré chaque année dans la vieille paroisse de Bouvignes.

              Lors de cette mise à sac, la forteresse de « Crévecœur », le château Comtal (*) et les murs
              d’enceinte de Bouvignes sont en grande partie détruits. Sans pouvoir se relever, Bouvignes
              subit encore d’autres assauts en 1578 ordonné par Don Juan d’Autriche et 1649, 1655 et 1683
              par les français. Malgré les restaurations de 1567 à 1580 entreprises par Charles-Quint puis
              Philippe II qui espéraient relancer l’artisanat du cuivre, les fortifications de la ville et le château,
              sont finalement démantelés dès 1672 par décret du gouvernement espagnol.

              Voici comment s’est
              terminée l’histoire de
              la florissante Bouvignes
              pour devenir ce qu’elle
              est aujourd’hui, un
              village paisible bordé
              de quelques vestiges
              médiévaux.


















              (*) Attention ! -  Ne pas confondre le bâtiment actuellement  appelé « château de Bouvignes », ancienne école tenue par des
              chanoinesses datant de 1660, et le « Château des Comtes », le château comtal du XII ème  dont il ne reste que peu de traces.
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