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Rops : ses lieux de vie



              I. Namur
              Namur est le lieu de naissance de l’artiste où il grandit au sein d’un foyer aimant, noue ses
              premières amitiés, fréquente plusieurs écoles, acquiert une solide formation artistique à
              l’Académie des beaux-arts. Il y séjourne de 1833 à 1851, année de son départ pour l’Université
              libre de Bruxelles.
              Le 16 février 1857, Rops épouse Charlotte Polet de Faveaux et revient s’établir dans sa ville
              natale. Le couple partagera son temps entre Namur, le château de Thozée et Bruxelles, où il se
              fait construire une maison avenue Louise.
              Deux enfants naitront : Paul, en 1858, et Juliette, en 1859, mais celle-ci mourra d’une méningite
              6 ans plus tard.

              Dès le début des années 1860, Rops fait régulièrement des séjours à Paris, et la fréquentation
              de la capitale française ne fait qu’accentuer le décalage entre les deux cités qu’il opposera
              régulièrement : Namur, la ville endormie aux esprits étroits qui ne le comprennent pas et Paris,
              la ville moderne où tout se passe et où son talent peut s’exprimer et être reconnu.
              Son sentiment pour Namur oscillera toujours entre rejet et tendresse. Cette ville qui l’a vu
              naître, trop petite pour son talent et sa personnalité, reste le lieu de son enfance, de profondes
              amitiés et d’une douceur de vivre bercée de nostalgie que l’éloignement et l’âge accentueront.


              II. Thozée
              C’est lors de ses fiançailles avec Charlotte, vers 1852, que Félicien Rops découvre le château de
              Thozée. Ce domaine composé d’une construction néo-classique, de bâtiments de ferme et
              d’actuellement 19 hectares de prés et de bois, appartient en effet à un oncle de Charlotte,
              laquelle héritera de la propriété à la mort de ce dernier.
              Cette « retraite » campagnarde permet à Rops de s’adonner à quelques loisirs - jardinage,
              chasse, pêche, patinage en hiver - d’entretenir ses amitiés et relations artistiques - en y
              conviant notamment Alfred Delvau, Louis Artan, Armand Dandoy, Auguste Poulet-Malassis,
              Charles Baudelaire, et de s’adonner à deux passions : la botanique et l’art.
              L’artiste aime être en contact direct avec la nature. C’est un besoin qu’il éprouvera toute sa vie.
              Cet amour de la nature se traduit dans sa peinture de paysage. Sa formation à l’Académie des
              beaux-arts de Namur l’a sensibilisé à la beauté des paysages mosans et l’a encouragé à
              s’émanciper de la tradition classique et romantique pour aller vers plus de réalisme. Rops
              poursuivra sa formation picturale à Bruxelles en s’inscrivant en 1853 à l’atelier libre Saint-Luc.

              En 1869, Rops rencontre à Paris deux jeunes soeurs, couturières, Aurélie et Léontine Duluc. Il
              débute avec elles une relation de près de trente ans, qui ne se terminera qu’à sa mort. Cette
              liaison, combinée à d’autres passades, finit par lasser Charlotte, qui réclame en 1874 la
              séparation des biens. Les séjours de Rops à Thozée se feront alors bien plus rares. Il y reviendra
              encore quelques fois pour revoir son fils Paul, resté auprès de sa mère. Mais son attachement
              au domaine restera intact, comme en témoignent de nombreuses lettres.




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