Page 119 - Book-Patrimonia-Belgique
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La création des Galeries Saint-Hubert a aussi nécessité le recouvrement du ruisseau Saint-
              Hubert. Le passant attentif remarquera quelques grandes dalles rondes placées sur le sol tout le
              long des Galeries qui mènent au ruisseau qui leur donna son nom.

              Les galeries abritent quelque 70 appartements, tous occupés depuis 1850.
              Chaque double porte située entre les boutiques cache une série d’appartements distribués
              deux par deux à chaque étage. Les six niveaux que comptent les Galeries, dont trois sont
              camouflés en façade, permettaient jadis de loger des locataires jusque dans les combles.


              Un peu d’histoire …



              A l'époque où est lancée la construction des Galeries Royales Saint-Hubert, la Belgique vient de
              gagner son indépendance. Le pays est jeune mais il s'avère être déjà incroyablement riche et
              développé : c’est la seconde économie mondiale après la Grande-Bretagne. C’est grâce à ses
              nombreuses mines et ses industries lourdes, principalement situées au sud du pays, mais aussi
              grâce à l’expansion de son réseau ferroviaire précoce mis en place dès 1835 avec la première
              ligne ferroviaire continentale « Bruxelles-Malines ».

              Dans ce contexte d'essor industriel, Bruxelles connaît une forte poussée démographique et le
              clivage social issu de la révolution industrielle se marque dans le tissu urbain : la bourgeoisie
              s'installe dans les faubourgs Sud et Est de Bruxelles, la classe ouvrière dans les faubourgs Nord
              et au centre-ville. Le centre de Bruxelles a gardé une physionomie de petite ville médiévale : les
              abords de la Grand-Place, indignes d'une capitale moderne, sont constitués d’un labyrinthe de
              petites ruelles et impasses tortueuses, insalubres et sordides où les bourgeois n'osent guère
              s'aventurer. Pourtant, jouxtant ce quartier (entre la rue la Montagne, le Marché-aux-Herbes et
              la rue des Fripiers) apparaissent des petits commerces de luxe.
              C'est là que vont être construite les Galeries Royales Saint-Hubert, dans l'axe d'une petite rue
              plutôt misérable, la rue Saint-Hubert, où pour l'occasion seront démolies 49 maisons.
              Les objectifs du projet sont ambitieux : assainir et moderniser le centre-ville, créer un lien entre
              le haut et le bas de la ville, dynamiser le commerce, créer une promenade luxueuse pour la
              bourgeoisie où elle puisse trouver magasins et lieux de plaisirs, cabarets et théâtres, atouts
              nécessaires à une capitale.

              En 1836, Jean-Pierre Cluysenaar
              imagine une succession de deux
              vastes nefs recouvertes d'une
              verrière. L’idée est de créer un
              "passage à la parisienne", une galerie
              couverte comme on en trouve à Paris,
              mais en plus grandiose.
              A la différence des galeries françaises
              charmantes mais exiguës, le concept
              vise ici à créer une véritable rue
              abritée, large et aérée. L'ensemble
              formera une large rue couverte, avec
              un sol en pierre bleue et bordée
              d'immeubles de trois niveaux.


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