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Son architecture


              L’architecte Jean-Pierre Cluysenaar (1811-1880), l'un des plus importants représentants du
              style néoclassique en Belgique, s’inspire à la fois de la Renaissance italienne et de la technologie
              moderne du fer et du verre pour créer cette rue couverte aux allures de «Crystal Palace».

              Il a repris les techniques appliquées à la Galerie d'Orléans à Paris, dont les dimensions étaient
              considérables pour l'époque (1828) : 65 m. de long et 8,50 m. de large. Il a conservé l'ampleur,
              le profil et la structure de la verrière en plein cintre divisée au milieu par un lanterneau surélevé
              pour la ventilation et a reproduit à Bruxelles le motif des arcades en plein cintre réunissant le
              rez-de-chaussée et l'entresol des boutiques.

              Pour Bruxelles, Jean-Pierre Cluysenaar a imaginé une succession de deux vastes nefs, appelées
              Galerie du Roi  et Galerie de la Reine, chacune large de 8,30 mètres, totalisant 213 mètres de
              long, recouvertes d'une verrière à structure métallique continue située à 18 m de hauteur. Ces
              galeries s'articulent par un péristyle à leur croisement avec la rue des Bouchers où elles
              forment un angle obtus. Le fait d’être coudée masque le fond des galeries et incite les badauds
              à aller voir plus loin et donc à faire peut-être de nouveaux achats.

              L'ensemble forme une large rue couverte,
              pavée de pierres bleues et bordée
              d'immeubles de trois niveaux dont les
              façades étroites se succèdent et sont en
              fait des façades-écran. Les fenêtres et
              portes en arcade couvrent en fait deux
              niveaux, le rez-de-chaussée et l’entresol.
              Le style général évoque la renaissance
              italienne, avec des arcades au rez-de-
              chaussée, des baies serliennes et des
              sculptures allégoriques (ronde-bosse, bas-
              relief et bustes) intégrées à l'architecture.
              Les façades enduites sont colorées (rose
              et ocre) et ornées de panneaux de faux-
              marbres d’inspiration italienne.
              L'ordre toscan règne au rez-de-chaussée,
                                             e
                                 e
              l'ordre ionique au 2  niveau, le 3  étant
              scandé de pilastres sans chapiteaux sur
              lesquels repose la corniche qui supporte
              la verrière. Au-dessus, un 4 ème  niveau sous
              combles abrite des appartements.


              La verrière est une structure métallique autoportante faite d'arcs en plein cintre d'un seul
              tenant sur lesquels reposent près de 16.500 carreaux de verre disposés en écailles de poissons
              afin de permettre une meilleure ventilation du lieu.
              Si, du sol, la verrière semble hermétique, en montant au niveau des toits, on constate que les
              vitres sont légèrement décalées les unes des autres afin d'assurer une circulation d'air entre
              intérieur et extérieur. Sans cela, de la condensation se formerait au plafond et, techniquement,
              pourrait entraîner quelques précipitations.
              Un comble, pour ce lieu surnommé le "parapluie de Bruxelles" !

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