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Qu'est ce qu'un "projet comenius"?

Le projet comenius est un projet européen patronné par l'Union Européenne et lancé en 2002. C'est un projet qui s'étend de la maternelle au secondaire. Il s'adresse à tous les acteurs de la vie éducative: enseignants, élèves, parents d'élèves, associations de parents d'élèves, ONG et collectivités térritoriales entre autres.

Buts et visées

Il vise à promouvoir la coopération dans le cadre européen entre les établissements participants, à encorager les relations entre élèves et la mobilité des enseignants, à développer l'ouverture d'esprit et la tolérance, clés d'une Europe solide, mais aussi à l'utilisation et la perfection des différentes langues. Le projet met l'accent sur l'aide aux catégories défavorisées, la lutte dontre l'échec scolaire et la prévention de l'exclusion.

Qui était Comenius?

Comenius (né Jan Amos Komenský le 28 mars 1592 à Uherský Brod, Moravie, République tchèque - mort le 15 novembre 1670 à Amsterdam) fut un philosophe, grammairien et pédagogue tchèque.
Membre du mouvement protestant des Frères Moraves, il s'occupa toute sa vie de perfectionner les méthodes d'instruction.

Son père était un maître-meunier extrêmement religieux, suivant les doctrines de Jean Hus. Devenu orphelin à douze ans, il intègre à seize ans l'école latine de Přerov où ses professeurs remarquent des aptitudes prometteuses et le protègent. Il s'inscrit en 1611 à l'Université calviniste de Herborn en Allemagne où, sous l'influence des théologiens Piscator et Johann Heinrich Alsted, il s'initie au millénarisme (attente d'un royaume millénaire parfait sur terre). Sa formation philosophique est en effet bien plus marquée par l'étude de la Bible que par l'étude de penseurs athées. En 1613, il s'inscrit à la Faculté de théologie de l'Université d'Heidelberg.

En 1614, il retourne en Moravie où l'Unité des frères de Bohème (hussites) lui confie la direction de l'école de Přerov. En 1616 il devient pasteur et en 1618 on lui confie la très importante paroisse de Fulneck. Cette même année, il épouse Madeleine Vizovká, de qui il aura deux enfants. En 1621, au début de la Guerre de Trente Ans, les troupes espagnoles prennent la ville de Fulneck et mettent à prix la vie de son pasteur, Comenius. Celui-ci s'enfuit dans les forêts avoisinantes, abandonnant son épouse alors enceinte et son fils. Il écrit pour sa femme un traité de consolation intitulé Réflexions sur la perfection chrétienne. Madeleine et ses deux enfants meurent de la peste sans que Comenius les revoie.

Il a perdu en quelques mois son pays, sa paroisse, ses travaux et sa famille. Dès lors, il est condamné à l’éternel exil – c’est pour cela qu’on a vu en lui un précurseur de l’unité européenne. Toute sa vie, Comenius espérera une défaite des forces catholiques et un retour de la foi biblique et de sa patrie. Cela le poussera à croire les prophéties du tanneur Christophe Kotter ou de la jeune Christine Poniatowska, une hallucinée de 16 ans qu'il considérera comme sa propre fille , et à s'intéresser aux idées utopiques et ésotériques des manifestes Rose-Croix. Il sera d'ailleurs en correspondance avec leur auteur présumé Johann Valentin Andreae, dont il reprendra les idées de Sociétés chrétiennes.

En 1624, il se remarie avec la fille du pasteur Cyrille, Dorothée. En 1628, il s'établit à Leszno en Pologne. À partir de 1630, il commence à s'intéresser à la pédagogie et devient un personnage extrêmement en vue, écouté par les catholiques comme par les protestants. De 1651 à 1654, invité par le prince hongrois Sigismund Rakoczi, il réside à Sárospatak, où il tente de mettre en place ses idées pédagogiques. Le Cardinal de Richelieu l'invite - sans succès - en France. Il s'établira un temps en Angleterre, puis en Suède dont il réformera les écoles, sur l'invitation de Louis de Geer. On lui fait même la proposition d'aller diriger au Nouveau-monde l'école de Harvard, dans la colonie puritaine du Massachusetts.

Il perd sa deuxième épouse et se marie une troisième fois. À Leszno, en Pologne, à la suite d'une attaque des catholiques polonais, Comenius perd sa bibliothèque et tous ses travaux des vingt années précédentes. En 1656, la Hollande, si généreuse envers les réfugiés de l'époque, l'accueille et la ville d'Amsterdam, où il mourra quatre ans plus tard, lui verse une pension de 800 florins. Comenius est enterré à Naarden.

Le père de la pédagogie

Pour Comenius, la réforme de l’éducation est l’unique remède à la profonde crise culturelle que traverse l’Europe à l’époque de la Guerre de Trente Ans. Cette réflexion a des racines religieuses. En plaidant pour une démocratisation de l’éducation, Comenius se fait l’héritier du message égalitaire du christianisme : puisque chaque être humain est une image de Dieu, chaque être humain mérite d’être éduqué. De plus – et c’est là l’une des revendications de la Réforme tchèque – une population qui reçoit une éducation peut accéder directement aux textes sacrés et se rapproche ainsi de Dieu.

Ainsi, « tout doit être enseigné à tout le monde, sans distinction de richesse, de religion ou de sexe ». Cette dimension universaliste de la pensée de Comenius, contenue dans le concept de pansophia, ou sagesse universelle, est son aspect le plus ambitieux. À une époque où l’infériorité des femmes est communément admise, Comenius affirme que les filles ont les mêmes capacités intellectuelles que les garçons ; il plaide aussi pour une meilleure prise en charge des élèves en difficulté. Du reste, la pensée de Comenius découle pour partie de sa propre enfance : orphelin, il doit son ascension non pas à sa situation sociale, mais à l’éducation.

Affirmer que « tout doit être enseigné » ne signifie toutefois pas que les élèves doivent tout apprendre. Dans Prodromus pansophiae, Comenius raille les efforts des encyclopédistes, dont il juge absurde la façon de présenter les connaissances comme une chaîne d’éléments juxtaposés plutôt que comme un tout. Il s’agit plutôt d’apprendre à bien penser ; les élèves doivent ainsi mémoriser le moins possible.

Pour Comenius, le système éducatif devrait non seulement s’attacher aux activités de la pensée et de la raison (ratio), mais aussi au travail manuel (operatio), dont il affirme qu’il n’est en aucun cas honteux. Il considère que les écoles devraient montrer moins d’intérêt pour l’enseignement du latin, et bien plus d’intérêt pour des matières comme la géographie, l’histoire ou la biologie. Il insiste particulièrement beaucoup sur l’importance de l’éducation artistique ; il juge que l’art doit être rendu accessible à tous. C’est ainsi qu’en musicologue avisé, il plaide pour la généralisation de l’enseignement de la musique à tous les niveaux scolaires.

Pour concrétiser la « sagesse universelle », Comenius conçoit un système d’éducation rationalisé, unique pour tous les gens des deux sexes, et composé de quatre degrés : l’école maternelle pour les plus petits (une idée qu’il développe tout particulièrement), l’école publique pour les enfants, l’école secondaire pour les adolescents et les académies pour les plus âgés. Cependant, Comenius considère que l’éducation est un processus qui doit durer toute la vie et que le monde entier est une école.

Mais ce qui fait de Comenius un des pionniers de la pédagogie moderne, c’est sa réflexion sur la manière d’enseigner, et en particulier l’idée que l’enseignant se doit d’éveiller l’intérêt de l’élève. Pour ce faire, Comenius préconise l’utilisation d’images. C’est ainsi que son manuel Orbis sensualium Pictus a pour ambition d’apprendre le latin aux enfants par association d’un mot à une image. Comenius défend aussi le rôle des jeux, en particulier des jeux de groupe ; selon lui, il n’existe rien de tel qu’apprendre en s’amusant. L’enseignant doit aussi encourager la participation des élèves. Parallèlement, la pratique de la punition corporelle est vigoureusement déconseillée. Selon Comenius, la contrainte n’est pas nécessaire à l’élève pour apprendre ; il le désire naturellement.